Le baptême est l’un des actes les plus significatifs de la vie chrétienne, symbolisant la mort au péché et la naissance à une vie nouvelle en Jésus-Christ. Mais d’où vient cette pratique, et comment doit-elle être comprise et réalisée ?
1. Les origines du baptême
Bien avant Jean-Baptiste, le peuple juif pratiquait des ablutions rituelles, notamment le mikvé, un bain d’immersion totale pour se purifier avant de participer au culte ou d’entrer dans le Temple.
Les différents types d’ablutions:
•Le bain rituel avant la prière ou le culte: souvent pratiqué le soir ou avant le sabbat.
Ces bains reflétaient une purification extérieure, préparant le cœur à rencontrer Dieu.
•Les ablutions partielles: se laver les mains, les pieds, ou certaines parties du corps (Exode 30:18-21).
•Les ablutions totales (immersion): le mikvé pour purifier le corps entier.
Le mot hébreu “mikvé” signifie réservoir d’eau, collection d’eau.
C’était un bain rituel d’immersion totale, utilisé pour la purification: après certaines impuretés corporelles (Lévitiques 15), avant d’entrer au Temple, et par les prosélytes juifs qui se convertissaient.
La personne devait entrer complètement dans l’eau pour être considérée purifiée.
C’est Jean-Baptiste qui transforma cette pratique en un baptême prophétique.
Il baptisait dans le Jourdain ceux qui venaient à lui, confessant leurs péchés, et préparait les cœurs à recevoir le Messie (Marc 1:4-5 ; Matthieu 3:5-6).
Jean n’a pas inventé l’eau ni l’immersion, mais il y a donné une dimension spirituelle nouvelle, celle de la repentance et de l’attente du salut par Jésus-Christ.
Jésus lui-même a été baptisé par Jean (Matthieu 3:13-17), et après sa résurrection, il a donné à ses disciples l’ordre de baptiser toutes les nations (Matthieu 28:19-20).
2. Jésus, modèle du baptême
Jésus lui-même a été baptisé par Jean, non pour se repentir, mais pour accomplir toute justice (Matthieu 3:15).
Son baptême fut une immersion complète dans le Jourdain, marquée par la descente du Saint-Esprit et la voix du Père (Matthieu 3:16-17).
Jésus est ainsi le premier exemple biblique clair d’un baptême par immersion, établissant le modèle à suivre pour tous les croyants.
Il convient de signaler qu’avant Jésus, Jean avait déjà baptisé beaucoup d’autres personnes:
«Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui ; et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain.»(Matthieu 3:5-6)
«Jean parut, baptisant dans le désert, et prêchant le baptême de repentance pour la rémission des péchés. Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui ; et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain.»(Marc 1:4-5)
Cela montre que son ministère de baptême avait déjà commencé et attirait de grandes foules avant que Jésus ne vienne au Jourdain.
La particularité du baptême de Jean: C’était un baptême de repentance (Actes 19:4). Il préparait le peuple à recevoir Jésus, l’Agneau de Dieu. Ceux qui venaient étaient des pécheurs ordinaires, des publicains, des soldats, mais aussi des pharisiens et sadducéens (Matthieu 3:7).
Quand Jésus est venu, Jésus n’était pas un pécheur, mais il a accepté d’être baptisé pour:
•s’identifier avec les pécheurs,
•accomplir toute justice (Matthieu 3:15),
•inaugurer son ministère public, marqué par la voix du Père et la descente du Saint-Esprit (Matthieu 3:16-17).
Le baptême de Jésus était unique, non pas pour repentance, mais pour marquer son rôle de Sauveur et l’approbation divine.
3. Le baptême chrétien
Après sa résurrection, Jésus a confié à ses disciples l’ordre de baptiser tous les croyants au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (Matthieu 28:19-20).
Spirituellement, le baptême chrétien symbolise :
La mort au péché (plongée dans l’eau),
La mise au tombeau (immersion complète),
La résurrection à une vie nouvelle (remontée hors de l’eau).
C’est ce que Paul explique dans Romains 6:3-4 et dans Colossiens 2:12.
«Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie.» (Romains 6:4)
«Ayant été ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscité en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu, qui l’a ressuscité des morts.» (Colossiens 2:12)
Un enterrement symbolique ne peut être représenté que par une immersion complète, pas par quelques gouttes d’eau.
Ainsi, il ne s’agit pas seulement d’un rituel ou d’une purification extérieure, mais d’un engagement volontaire, conscient et spirituel, exprimant la foi et la repentance.
Le baptême doit suivre la foi et la repentance. C’est une réponse consciente à l’appel de Dieu.
Dans Actes 2:38, Pierre dit: «Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé…»
Le baptême chrétien se fait au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (Matthieu 28:19), ou au nom de Jésus-Christ (Actes 2:38), car en Lui habite toute la plénitude de la divinité (Colossiens 2:9).
4. L’immersion et l’aspersion
Le mot grec baptizo signifie «plonger, immerger».
Exemple: Jésus est descendu dans l’eau et en est sorti (Marc 1:10).
C’est pourquoi le baptême doit se faire par immersion dans l’eau, et non seulement par aspersion.
Le baptême est un engagement volontaire et public, symbole de la mort au péché et de la résurrection avec Christ (Romains 6:3-4).
Historiquement, le baptême a toujours été par immersion, comme le montrent Jean-Baptiste, Jésus et les premiers disciples.
L’aspersion (verser de l’eau sur la tête) apparaît plus tard. Historiquement, l’aspersion a commencé plusieurs siècles après les apôtres, vers le IIIᵉ siècle.
Un des premiers cas rapportés est celui de Novatien (vers 250 apr. J.-C.), un prêtre malade et alité qui ne pouvait pas être immergé. Comme il ne pouvait pas descendre dans l’eau, on a versé de l’eau sur lui pour symboliser le baptême.
Plus tard, l’Église a commencé à tolérer l’aspersion pour les malades ou ceux en danger de mort.
Ainsi, l’aspersion a pris place pour faciliter ceux qui habitaient dans des régions qui n’avaient pas beaucoup d’eau, où il était difficile de plonger et ceux qui, pour des raisons de santé, ne pouvaient pas se déplacer pour être baptisé.
Cette pratique fut d’abord tolérée par nécessité, puis elle s’est étendue au baptême des nourrissons et à des situations pratiques. Comme les nourrissons ne pouvaient pas confesser leur foi ni descendre dans l’eau, on a commencé à les asperger sur la tête.
Au fil du temps, certaines Églises ont accepté l’aspersion comme équivalente à l’immersion, jusqu’à en faire la règle dans certaines confessions.
L’Église catholique l’a officiellement reconnue au XIIIᵉ siècle, bien que l’immersion reste la forme la plus expressive et biblique.
Ainsi, le baptême sur la tête (aspersion) n’a pas commencé avec les apôtres ni avec Jésus, mais comme une adaptation humaine à certaines situations.
Le baptême biblique est bien par immersion complète dans l’eau, après la foi et la repentance. L’aspersion d’eau est une tradition ultérieure, mais elle ne correspond pas au modèle biblique.
5. Le baptême originel dans l’Église
Au début, toute l’Église (y compris l’Église catholique naissante) pratiquait le baptême par immersion, comme les apôtres.
Les premiers siècles (Ier – IIIe siècle) montrent des baptistères (grands bassins d’eau) où les croyants étaient plongés.
Les catacombes romaines et les écrits des Pères de l’Église (comme Tertullien, Chrysostome, Cyrille de Jérusalem) confirment que l’immersion était la règle.
6. Qui doit baptiser ?
Jésus a confié cette mission à ses disciples (Matthieu 28:19-20).
Dans l’Église primitive, ce sont les apôtres, évangélistes, et serviteurs établis qui baptisaient (Actes 8:12, Actes 8:38).
Mais le plus important n’est pas la « personne » mais l’autorité de Christ dans laquelle le baptême est administré.
Celui qui baptise doit être un disciple mature, reconnu et envoyé par l’Église, et non n’importe qui.
L’autorité de celui qui baptise est importante, car c’est au nom de Jésus-Christ et sous son autorité que le baptême est valide.
Conclusion
Le baptême est donc bien plus qu’un geste rituel : c’est une plongée dans la vie nouvelle en Christ, une déclaration publique de repentance et de foi, et un acte spirituel qui unit le croyant à la mort et à la résurrection de Jésus.
Qu’il se fasse par immersion ou, dans certains cas particuliers, par aspersion, il demeure le symbole universel de la grâce, de la purification et du commencement d’une vie transformée par le Christ.
Apôtre Dr Jean-Claude SINDAYIGAYA